Une organisation pleinement impliquée dans les enjeux éducatifs et sociaux de notre pays : telle est pour le moins la vocation de la Fondation Zakoura pour l’Éducation.
Dans sa stratégie de développement est placé en tout premier lieu le rôle -particulièrement essentiel – du Capital Humain. D’une actualité contraignante marquée par la crise sanitaire à une mise en perspective des évolutions de ladite organisation au plan humain, le champ des observations est très large, évocateur s’il en est de la complexité du moment.
Dans cette interview, Mme Wiam El Mekhtoume, Directrice des Ressources Humaines & IT, nous illustre parfaitement combien dans les faits innovation permanente, accompagnement du changement et engagement de proximité sont les piliers structurants d’une politique RH réussie
Vous êtes la DRH de la Fondation Zakoura Education. Pourriez-vous nous préciser en guise d’introduction la nature des interventions de votre organisme ?
La Fondation Zakoura est une association marocaine reconnue d’utilité publique qui œuvre depuis plus de 23 ans en faveur du développement humain par le biais de l’éducation des enfants, la formation des jeunes et l’autonomisation des femmes. Elle a ainsi développé une expertise unique dans le déploiement de projets socio-éducatifs à destination des populations en milieu rural et bénéficie de l’appui et du soutien de partenaires nationaux et internationaux. Elle agit à travers une offre complète incluant le déploiement, la formation, le pilotage et le conseil.
La Fondation articule sa mission autour de 3 piliers clés de la chaîne de valeur éducative : l’éducation principalement en zone rurale ; l’employabilité et l’empowerment à travers des programmes de formation et d’insertion notamment dans les métiers de l’éducation, ainsi que le renforcement de l’écosystème de la Fondation.
Grâce aux efforts de collaborateurs dévoués et engagés, les programmes de la Fondation Zakoura ont bénéficié à plus de 172 000 bénéficiaires directs et pour accompagner cette dynamique, des milliers de ressources ont été formées.
La fonction RH que vous dirigez contribue par son souci de développer le capital humain à renforcer les actions sur le terrain de votre Fondation. Quels sont vos enjeux spécifiques ?
L’enjeu majeur de la Fondation au niveau de sa politique de recrutement a toujours été et reste basé sur la proximité avec pour double objectif : trouver les profils adéquats aux projets et contribuer au développement de l’employabilité locale.
Dans le cadre des programmes d’éducation, la Fondation Zakoura donne la chance à des jeunes issus essentiellement des zones rurales proches des lieux d’implantation des écoles. Elle les forme via une ingénierie de formation conçue en conséquence et les aide à développer leur savoir-faire pédagogique, opérationnel ainsi que leurs soft et hard skills dans une approche d’employabilité qualitative.
Cet enjeu de politique de recrutement de la fondation, nous est très à cœur au niveau de la Direction RH & IT pour trouver le bon profil pour chaque poste. C’est une responsabilité importante, encore plus compte tenu du fait que nous œuvrons dans le domaine du développement humain. Pour nos unités préscolaires, nous préconisons une discrimination positive. En effet, nous comptons 92% de collaboratrices. Il s’avère que les éducatrices jouent un rôle majeur auprès d’enfants âgés de 4 à 6 ans, mais aussi de leurs parents dans le cadre du programme d’éducation parentale.
Entre 2018 et 2019, le capital humain de la Fondation Zakoura a connu une croissance exponentielle pour accompagner la dynamique de développement liée principalement à l’effort d’extension du préscolaire en zone rurale. Ainsi, l’équipe est passée de 166 à 596 collaborateurs, dont plus de 97% sur le terrain.
Toujours dans le cadre d’extension des programmes en zones rurales, nous avons récemment procédé à une réorganisation de nos ressources humaines et à plusieurs ajustements procéduraux en adéquation avec les ambitions stratégiques de la Fondation. Nous avons ainsi mis en place une organisation régionale privilégiant une relation et un pilotage de proximité. Par ailleurs, des ressources ont aussi été dédiées à l’optimisation du système d’information pour un meilleur pilotage de la performance.
La crise de la Covid-19 aura été particulièrement rude . Quelles auront été vos préoccupations RH durant cette période d’exception sanitaire ?
La crise de la Covid-19 a eu des répercussions sur toutes les activités de la Fondation Zakoura. Pour la direction des ressources humaines & IT, le challenge a été d’offrir à ses collaborateurs un climat de travail rassurant dans un contexte exceptionnel de crise sanitaire tout en les accompagnant vers une digitalisation de leurs tâches et responsabilités quotidiennes afin de poursuivre au mieux l’activité et les chantiers internes.
Plusieurs séances de sensibilisation aux gestes barrières et aux mesures de prévention ont été réalisées que ce soit en période de confinement, lors de la reprise en mode hybride (combinaison entre distanciel et présentiel) mais également en amont de la rentrée 2020-2021 et de la réouverture des écoles et centres de formation de la Fondation ainsi que des unités préscolaires.
En cette période particulière, les collaborateurs de la Fondation ont su faire preuve d’une grande agilité et de résilience. Ce fut une opportunité pour l’accélération de la digitalisation ! Aujourd’hui, l’ensemble des collaborateurs se sont familiarisés avec le nouveau mode de travail et l’utilisation des outils numériques que ce soit pour les réunions ou les formations à distance. Nous avons pu également profiter de la période de confinement pour concentrer nos efforts sur la finalisation de plusieurs chantiers de développement.
A l’écoute de ses collaborateurs, la Fondation a tenu à mesurer l’impact de la Covid-19 sur leur bien-être et leur quotidien à travers un e-questionnaire et des séances d’écoute dédiées. Ces actions ont permis d’identifier certains points de vigilance et les recommandations validées sont en cours de concrétisation.
Nous sommes tous marqués par cette crise inédite, mais nous en sortirons tous grandis, que ce soit professionnellement ou personnellement !
Quelles seraient d’après vous les défis RH post-crise qu’il s’agira de relever au niveau plus global des fonctions RH ?
Les défis seront multiples et toucheront plusieurs aspects. Cependant, un challenge majeur sera d’accompagner les ressources humaines afin d’effectuer le virage numérique, pas seulement dans l’utilisation des outils mais aussi d’un point de vue process, et de répondre aux défis de résistance aux changements.
Le mode hybride semble le mode de travail à privilégier et à adopter sur une base régulière. Selon plusieurs enquêtes et études internationales – Etude de Owl Lab, enquête ANDRH et BCG … – il aurait déjà porté ses fruits à différents niveaux. Le défi sera de combiner responsabilisation, performance et productivité tout en maintenant le contact humain et l’esprit d’appartenance.
Dans cet environnement connecté, il faudra forcément évoluer vers un management de proximité qui favorise un cadre de travail stimulant et encourage une vraie approche constructive du développement d’activité dans un climat de cohésion, de bien-être, de bienveillance et de performance. L’identification des talents prometteurs, la promotion interne, la formation continue resteront essentielles.
Toutefois, les entreprises soucieuses du développement de leur pays auront sûrement à revoir leur politique d’investissement, de développement et de RSE. La société civile peut offrir une employabilité de proximité qualitative répondant aux orientations de développement territoriale et de régionalisation avancée. Elle est capable de donner la chance aux jeunes et aux personnes issues de milieux défavorisés, mais pas sans le soutien d’entreprises engagées.