L’année 2023 débute en matière RH sur une note bien peu réjouissante. Amazon vient de procéder à des licenciements qu’elle avait d’ailleurs précédemment annoncés. Des coupes dans les effectifs devraient toucher au total un peu plus de 18.000 postes ! Or, Amazon succède à Microsoft qui entendait licencier 11 000 employés et à Meta qui a déjà supprimé presque autant de postes . Twitter, pour sa part, a limogé en Novembre dernier 7 500 salariés et Snapchat poussait 20% de son effectif hors entreprise !
C’est dire déjà l’énorme avis de tempêtes qui pèse sur les entreprises du secteur de la communication et des nouvelles technologies embourbées dans un terrible retour de conjoncture.
A y regarder d’encore un peu plus près, il y a en sus de ces réalités économiques bien amères des licenciements, des annonces faites aux salariés aussi brutales que violentes que l’on pourrait qualifier de « prémodernes » les rattachant …. Au monde industriel 1.0 !
Licenciements par le biais d’un seul Tweet !
Prenons l’exemple de Twitter. Ses nouveaux repreneurs décidèrent de renvoyer nombre des collaborateurs de l’entreprise en les informant par simple e- mail doublé d’un…tweet d’un des dirigeants de la fin de leur mission. Un recours explique-t-on justifié en raison du nombre élevé de collaborateurs en télétravail ! Bien cruelle correspondance. Le e-mail en question aurait eu comme objet : « votre rôle à Twitter. (…) Si votre emploi n’est pas impacté, vous recevrez une notification sur votre adresse chez Twitter. Sinon sur votre adresse personnelle ». C’est ce que rapportait le même jour le journal Le Monde. Puis, toujours dans cette même correspondance, il était précisé que « pour assurer la sécurité des employés, ainsi que des systèmes informatiques et des données des clients, nos bureaux seront temporairement fermés et tous les badges d’accès suspendus. Si vous êtes dans un bureau ou sur le chemin pour vous y rendre, rentrez s’il vous plaît chez vous »
En fait, le cas de Twitter pourrait être symptomatique d’une nouvelle ère
La visioconférence en renfort des notes internes !
Il y a quelques mois de cela, nous avions aussi assisté à un licenciement bien particulier dans sa forme où une entreprise américaine informait une partie de son personnel par visio-conférence. De drôles de « remerciements virtuels ». Cela avait paru particulièrement choquant. Pour Amazon, l’annonce a été faite par un mémo partagé par son PDG Andy Jassy à travers un post publié dans son blog en date du 4 Janvier !
En marge de ces descriptions – et cette fois dans l’univers des Médias – Netflix aurait à son tour diffusé une note interne d’une rare violence auprès de ses salariés – d’ailleurs dévoilée au grand public – les « invitant » très sèchement à prendre la porte s’ils n’étaient pas en accord avec certains des contenus proposés. La formule est pour le moins choquante ! La voici : “Il est évident que chacun ne peut pas être en accord avec tout ce qui est proposé sur nos services. … . C’est ensuite au public de décider de ce qui lui convient. Ce n’est pas la peine de demander à Netflix de censurer un projet ou un artiste. Si vous avez du mal à assumer l’ensemble de notre contenu, Netflix n’est probablement le lieu fait pour vous” explique ainsi la note.
Pour le meilleur et pour le pire, les NTIC investissent le monde de l’entreprise et celui du Management. Les situations, ici reprises, préfigurent en partie ce que pourraient vivre des salariés licenciés sans ménagement dans un univers certes flexible, agile mais aussi particulièrement dur et amoral. Pour le dire autrement, le « miracle » de la révolution technologique semble ne pas être celui du Management qui pour les exemples citées nous rappelle que les exigences qui sont celles du Management restent tendues par un postulat majeur : produire de la performance pour les actionnaires !
Karim AMARA