Le Parcours de formation Certifiante « les Compétences managériales du XXIe siècle » proposé par l’ESSEC Campus Africa renvoie à une problématique d’actualité majeure : comment mieux préparer les Managers d’aujourd’hui aux défis de demain ?

Les attendus auxquels sont renvoyés les managers sont nombreux : efficacité, agilité, adaptabilité mais aussi autonomie et leadership. 

Or, ces leviers de performance en appellent à la maîtrise de compétences nouvelles qu’il s’agit de mobiliser. Et c’est bien là l’objectif affiché par le parcours de formation proposé. Y seront étudiées pour une maîtrise opérationnelle, cinq compétences clé partant de celles dites émotionnelles aux compétences « motivationnelles ». Coopération, Collaboration, Pensée critique, Créativité, Leadership motivationnel.

Nous avons invité M. Jean Yves Arrivé, psychologue, coach et consultant expert du Groupe Pearson pour s’exprimer sur le thème de la coopération.  Rappelons qu’il a également publié plusieurs ouvrages chez Retz, Larousse et Liaisons Sociales (notamment « Le coaching en 60 questions », « Savoir vivre ses émotions », « les 50 règles d’or pour bien gérer ses émotions ») et a contribué à huit livres collectifs dont « entreprise, mode d’emploi », « les fiches-outils du coaching », « le grand guide de la supervision ».

Comment pourriez-vous définir la notion de coopération ?

Si l’on s’en tient aux définitions du dictionnaire, la coopération est réduite au fait de participer à une œuvre commune. On pourrait donc dire que les travailleurs à la chaîne ou les téléopérateurs rassemblés sur un plateau travaillent ensemble. Mais la complexité même du travail au 21ème siècle suppose bien autre chose. Je dirai que le salarié n’est plus opérateur, mais acteur de la mission qu’il réalise. Certes, nous n’en sommes pas encore là, mais les choses avancent très vite. Il faut en effet tenir compte désormais de la place importante des nouvelles technologies, de leurs impacts sur les processus de production (juste à temps et réduction des stocks) , du renversement des logiques de marchés (  influence clients qui conduisent à une production « sur mesure »), … etc. Il s’agit d’autant de contraintes qui impliquent de travailler ensemble, en interdépendance, et partant de réunir les compétences collectives pour mener les projets au meilleur rapport qualité/coût/performance. 

Quel est pour vous le socle de cet apprentissage ?

On s’est longtemps contenté de lister des compétences techniques, celles qui représentaient le cœur du métier exercé. Mais parvenir à la coopération, c’est s’impliquer dans une véritable dynamique qui en appel à cinq leviers importants : 

• L’identification et le partage des objectifs, des buts communs, 
• La conduite des actions en communiquant en permanence pour réguler
• La régulation des conflits et renforcer les partenariats, 
• Le respect et l’empathie,
• La prise en considération des sensibilités, des contributions de chaque acteur.

Cela suppose donc, au préalable, une connaissance de soi-même et une capacité d’observation, d’écoute de l’autre et de ses modalités de fonctionnement. Déjà, il y a plus de 2 000 ans, Socrate nous indiquait la voie à suivre : « connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux ». Connaître ses zones de confort et d’effort dans la vie professionnelle, dans sa pratique managériale, identifier celles des membres de l’équipe et en tenir compte est un prérequis, une condition nécessaire – mais pas suffisante néanmoins- pour garantir une coopération qui vise à la performance.

En quoi le management est-il interpellé par rapport à cette compétence ?

Le manager accompagne son équipe pour produire des services et/ou des biens conformes aux objectifs de l’entreprise. Il vise à garantir la performance collective du groupe qu’il manage. L’une des conditions essentielles à la réussite de son action est de tenir compte des compétences, des aptitudes, des potentiels de chacun et de permettre leur expression positive au service de la réussite du collectif.

Quels conseils pourriez-vous donner aux managers pour cultiver cette compétence ?

Il est important pour le manager d’avoir une lecture systémique de son environnement :

• Quel est le projet de l’entreprise, de ma direction, de mon service ?
• Quelles sont les compétences de mes collaborateurs, leur niveau de motivation, d’engagement, les potentiels qui sont les leurs ? 
• Quelle est ma vision du management ?
• Quelles sont les attentes de mes équipes vis-à-vis de mon rôle ? 

A partir de cette analyse, il peut proposer des modalités de travail qui permettent de mobiliser chacun, de l’impliquer et le motiver au service de l’atteinte de la performance collective. Il veillera à garder un niveau de communication optimal, à apporter des feedback réguliers, à valoriser les réussites individuelles et les résultats collectifs pour garantir l’engagement et la motivation de tous. 

Le management, en ce sens, n’est pas un ensemble de techniques, de règles standardisées que l’on pourrait mettre en œuvre indépendamment d’un environnement et d’une dynamique d’équipe. C’est un subtil équilibre qui s’apparente par beaucoup de côté à un art. 

A la manière d’un peintre qui tient en main sa palette, le manager va puiser dans ses compétences, ses aptitudes, ses potentiels pour marier les couleurs, les formes, les nuances et permettre ainsi l’expression d’un talent collectif. Et pour y parvenir, l’intelligence émotionnelle, l’intelligence collective, l’empathie, la créativité, l’esprit critique sont autant de facettes à mobiliser en situation.

Panorama RH