Maroc : où en est-on avec la guerre des talents ?

Guerre Talents
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La projection d’une croissance du PIB retrouvée en 2022 laisse deviner des tensions futures sur le marché du travail. Les défis posés par une compétition économique exacerbée pourraient engendrer pour bien des secteurs ouverts à la concurrence, une demande croissante de compétences spécifiques, afin qu’à travers leur possession, les entreprises disposent d’un avantage concurrentiel indispensable à la génération de performances et de résultats probants.

Sous réserve d’inventaire, les entreprises les plus concernées seraient au Maroc celles agissant dans les domaines de l’IT, de l’ingénierie et du BTP, de l’automobile, de l’énergie ainsi que des services financiers mais aussi de la logistique, de la maintenance et de la sécurité. Pour compléter cette introduction- et en se fondant sur les résultats d’une étude du Cabinet Rekrute.com (Février 2021) – si le secteur des Call Centers parait être l’un des plus gros pourvoyeurs de postes durant l’année 2020, il serait suivi du secteur des IT qui nourrit une demande sans cesse en augmentation d’informaticiens ; informaticiens que ce même secteur souhaiterait toujours mieux formés, davantage spécialisés et de plus en plus expérimentés. Mais, quid encore ?

Des métiers en tension

Plus largement et Indépendamment d’un quelconque angle d’approche sectorielle, la question peut valablement être posée en termes de métiers en tension. Il y a effectivement pénurie de candidats pour bien des emplois. Ne parlons pas ici des métiers faiblement qualifiés ou très moyennement attractifs parce que peu valorisants mais de métiers pointues, appelant de haute qualification et présentant des atouts décisifs dans la compétition économique. Une forte demande existe en ce sens pour les métiers de l’ingénierie, les développeurs WEB, les Ingénieurs Informatiques, les Roboticiens, les Data Scientistes, les Responsables RH, les Community Managers, les Ingénieurs en intelligence artificielle, les financiers de marchés, les qualiticiens ou bien encore les métiers en rapport avec l’écologie et le développement durable. La liste est, ici, longue et néanmoins probablement encore très incomplète.

Des pressions de partout

Les pressions sont multiples. Localement tout d’abord car – et de toute évidence – les entreprises résidentes sur le marché marocain s’arracheront les talents pour lesquels elles auront jeté leur dévolu : « elles y mettront le prix » dès lors que convaincues de ce qu’elles y auraient à y gagner !

Les pressions viendraient aussi des économies des pays développés soucieuses de permettre à leurs propres entreprises de disposer rapidement de jeunes ou moins jeunes talents nécessaires au développement de leurs activités. L’immigration choisie, s’est un peu beaucoup cela. Du pragmatisme absolu.

Ces pressions seront de facto décuplées pour des raisons plus structurelles. D’abord du fait de la difficulté d’ajustement des politiques salariales interne des entreprises. Ces dernières seront soumises à des contraintes financières passant nécessairement par la maitrise de l’évolution de leur masse salariale. Elles ne sauraient apriori rivaliser en termes de proposition salariale face aux appels du pied insistant d’entreprises non-résidentes, en se projetant continuellement sur un toujours plus salarial. En se laissant absorber par cette spirale, elles limiteraient en conséquence le volume de recrutement total projeté pour elle-même préférant cibler les Talents rares de leurs choix mais aussi aggraveraient les distorsions déjà bien réelles de distribution des salaires observées dans nombre d’entreprises marocaines.

Ensuite parce que les besoins en termes de formation et de préparation des compétences utiles aux industries de demain ne seront pas satisfaites de sitôt. Il y a un temps de préparation et de mise à disposition sur le marché de ces compétences. Ce déséquilibre ne sera pas prêt de s’effacer. Le système de formation (Ecoles, Universités) est de ce point de vue fortement challengé pour apporter une rapide et urgente contribution au marché du travail.

Dès lors et au regard de ces éléments, l’horizon qui se dessinera, sera âpres parce que particulièrement concurrentiel. Les stratégies RH menées par les Entreprises devront intégrer cette donne. Au point ou très probablement, le recrutement prendra alors les allures d’une véritable « bataille ». Obtenir et retenir les talents utiles pour se démarquer des entreprises concurrentes constituera un enjeu pour le moins capital et impliquera une révision des approches et un renforcement des moyens pour conduire des politiques de recrutement mieux adaptées à un tel contexte.

La Guerre des Talents ne fait, au demeurant, que commencer !

Karim AMARA

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