Les managers sont sous pression. Si quelques rares sondages le démontrent déjà sans qu’il soit besoin d’apporter plus d’investigations, les réflexions portées tout autour de ce constat invitent à ce que nous nous penchions de façon plus approfondie sur une réalité particulièrement sensible aujourd’hui.
Il y a déjà plus d’un an, il était fait remarquer par Rekrute qu’entre faiblesse des salaires, manque de reconnaissance, ambiance délétère de travail, les facteurs de démotivation étaient nombreux. A la lecture de cela, l’on pouvait conclure que le moral des cadres étaient bien bas. Or, de cette démotivation aux ressorts multiples, il n’y aurait qu’un petit pas à franchir pour qu’un tel contexte se transforme en véritable ambiance.
Une année plus tard, que dire de plus ?
Probablement que les choses se sont davantage détériorées. D’abord qu’entre augmentation du chômage et faiblesse des perspectives d’emploi, le contexte est devenu anxiogène. Il en va aussi, par ce fait , une réduction de la capacité de négociation des primo-demandeurs d’emploi mais aussi des cadres et managers en reconversion professionnelle. Les temps sont durs. La conjoncture se nourrit de ces pesantes inquiétudes. Il est certain que cela ajoute au stress ambiant et à la pression subie. Les cadres et les managers sont bien en souffrance. Un taux de chômage qui grimpe en milieu urbain de 11,7% à 15,6 % suffit à conforter au-delà de l’impression ici livrée qu’il y a, là, un symptôme bien installé.
Sur un autre plan, la crise sanitaire dans ses différentes implications a conduit les managers à être confrontés très vite à l’expérience du télétravail. Impliqués pour la plupart d’entre eux dans la mise en œuvre de ce type de pratique, volontairement engagés (beaucoup y ont vu une réelle opportunité) les managers expriment néanmoins à la pratique de cette nouvelle forme d’organisation du travail un stress plus que palpable. BFM TV souligne dans une édition récente que 48% d’entre eux ont rencontrés des difficultés de communication avec leurs collaborateurs. Selon les éléments révélés par l’enquête, « un chef sur deux constate que la relation managériale s’est détériorée en raison de l’augmentation des niveaux de contrôle sur le travail, des sollicitations plus nombreuses faites à leur endroit et enfin en conséquence d’une disponibilité bien plus importante que lors des journées normales de bureaux ». L’expérience de télétravail aurait déjà usé les Managers !
Cette réalité – que nous percevrons dans le détail et bien mieux au fil des mois à venir- est à mettre aussi en parallèle avec deux autres tendances profondes de l’exercice du Management qui accentuent encore plus les pressions ici observées. La première met en exergue la complexité interne croissante à l’entreprise qui partant exige une capacité à la résilience et de l’autre une course incessante à l’apprentissage. Cette complexité aurait été multipliée par 35 depuis le début des années 60 ! L’autre mouvement profond à l’œuvre est l’explosion informationnelle et les contraintes de traitement de celle -ci auxquels sont confrontés tous les jours les managers. Exemple souvent cité pour illustrer cela, l’augmentation du temps passé à traiter les mails reçus qui passeraient de 1H 30 en moyenne au début des années 2000 à près de 5H aujourd’hui !
Il y a là et de toute évidence un environnement désormais et définitivement bien plus pesant sur les épaules de ces derniers. Ceux seront ces différentes difficultés rapidement exposées qui agiront de concert sur la courbe des risques psychosociaux qui ne ferait que débuter !
Entre révolution technologique, télétravail, bureaucratisation et interconnectivité poussée, les managers seront par effets convergents mis en grande difficulté et en malaise profond.
