Le bruit médiatique récemment généré par le dernier classement de « Best Place To Work » ne saurait passer inaperçu. Les réseaux sociaux et la presse en ont largement fait écho, glorifiant les entreprises couronnées de ce prestigieux label. Mais au-delà de la surface, que recèle réellement cette reconnaissance tant convoitée ? Quelle crédibilité accorder au classement des « entreprises où il fait bon travailler » ?
Le Processus d’évaluation : Opacité vs Objectivité
Depuis plus d’une décennie au Maroc, Best Place To Work s’est fixé pour mission d’évaluer de manière impartiale la qualité des pratiques RH et l’expérience collaborateur.
Selon les informations disponibles, cette évaluation repose sur deux piliers. Deux tiers du classement sont déterminés à partir d’un questionnaire adressé aux collaborateurs, tandis qu’un tiers est basé sur un dossier RH soumis par les entreprises postulantes, examiné par les experts dudit “Label”. Cependant, une question demeure : quels sont les critères précis et les algorithmes qui sous-tendent cette notation ? L’opacité qui entoure cette méthode d’évaluation soulève des doutes quant à son objectivité.
Apples and Oranges : une comparaison délicate
Une autre préoccupation réside dans la comparaison de secteurs d’activité aux attentes divergentes. Est-il vraiment pertinent de classer ensemble l’industrie de la grande distribution, la tech et l’hôtellerie? Les modes de management, les cultures d’entreprise, les attentes des collaborateurs et les réalités opérationnelles sont diamétralement opposés. Best Place To Work se contente de segmenter son palmarès par la taille des structures, laissant planer le doute sur la pertinence de ce choix.
L’entrée au panthéon Best Place To Work
Comment entre-t-on dans le prestigieux classement ? L’accès est conditionné à un abonnement annuel, qui permet aux entreprises de concourir. Toutefois, Best Place To Work est plus qu’un simple classement, c’est une entreprise de services qui propose des prestations d’audit et de conseil RH à ses « clients ». Cette dualité d’intérêts soulève une question fondamentale : peut-on jouer à la fois le rôle de juge et de partie ?
Il est notoire que, dans l’univers de l’audit, les grands cabinets maintiennent une stricte indépendance, empêchant leur intervention à la fois en tant que commissaires aux comptes et prestataires de services.
La Fierté de la Participation
Au-delà des classements changeants, il convient de noter que l’objectif premier ne consiste pas à remporter la première place, mais à y figurer. Best Place To Work, dans son ingéniosité, s’est positionné comme une agence d’image employeur. Derrière le vernis d’un classement RH, elle opère en réalité une campagne de médiatisation pour les entreprises désireuses d’améliorer leur marketing RH. Le label brille par sa capacité à donner de l’éclat à l’image de ses clients, mais il ne devrait pas être confondu avec une évaluation complète et objective de la qualité des pratiques RH et l’expérience collaborateur.
Tout compte fait, nous sommes amenés à questionner la pertinence et l’objectivité d’une telle « labélisation ». Il est impératif d’analyser en profondeur les pratiques de l’industrie RH.
Le label Best Place To Work, bien que porteur de vertus, nécessite une approche critique pour que les organisations, au-delà de l’image qu’elles renvoient, puissent véritablement améliorer la vie professionnelle de leurs employés.