Egalité Hommes-Femmes, encore presque tout à faire !

Partagez l'article:

Loading

Le 8 Mars :  une date incontournable pour commémorer les luttes pour les droits de la Femme. Occasion essentielle pour souligner que le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes est à la fois long et difficile.

Pour la petite histoire, c’est en 1977 que l’Organisation des Nations Unies instaure une journée internationale des droits des femmes. Cette précision conduit à une autre remarque :  Le 8 mars est considéré à tort comme « la journée de la femme », une sorte de moment suspendu faisant l’objet à l’évidence d’une récupération marketing consumériste puissante. Or, cette célébration devrait plutôt se comprendre comme une journée internationale de revendications pour l’amélioration des droits des femmes.

Reconnaître les inégalités Hommes-Femmes

Les inégalités entre les femmes et les hommes sont encore très importantes. Malgré de réelles avancées réalisées ces dernières décennies, le chemin reste encore long pour atteindre l’égalité et la reconnaissance de la juste contribution des femmes. 

Monde : quelques chiffres sont édifiants pour témoigner des formes de cette inégalité structurelle !

  • Selon le Forum économique mondiale, les femmes devront attendre encore plus de 130 ans avant de connaître un monde égalitaire ! Les femmes et les jeunes filles continueront de subir sexisme, discrimination, violences basées sur le genre, exclusion sociale et économique.
  • Le rapport OXFAM souligne que plus de 60 % des plus pauvres sont des femmes à travers le monde, soit 435 millions de femmes vivant avec moins de 1,9 $ par jour, 47 millions de femmes avaient basculé dans l’extrême pauvreté à cause de la pandémie de Covid19.
  • Selon l’Organisation des Nations Unis – Femmes, à l’échelle mondiale, le salaire des femmes ne représente que 77 pour cent de celui des hommes. Par conséquent, les écarts de salaire entre les hommes et les femmes durent la vie entière. 

France : d’autres chiffres, illustrant cette fois, les réalités quotidiennes de l’entreprise nous interpellent :

  • La représentation des femmes au sein des comités exécutifs dans les entreprises françaises reste relativement faible se situant à hauteur de 25%.   Seules 3 entreprises possédaient une directrice générale dans le CAC 40 ! Les choses ont probablement évolué mais pas dans les grandes lignes.
  • Pour le cabinet PwC dans son enquête menée « Les femmes au travail », les progrès vers l’égalité entre hommes et femmes dans l’OCDE ont été « excessivement faibles » sur les dix dernières années, avec un écart de salaire persistant de 14%, qui n’aurait reculé que de 2,5 points depuis 2011. 
  • Ces résultats rejoignent ceux de l’étude de l’Insee- France publiée en Février 2023, les femmes gagneraient en moyenne près de 15% de moins que les hommes dans le secteur privé en 2021 malgré le fait que l’écart aurait tendance à se réduire.

Maroc : que penser de la situation observable au Maroc. Ce que dit le HCP est préoccupant :

  • Le taux d’activité des femmes est très faible et tendrait de surcroit à diminuer. C’est l’une des caractéristiques structurelles de la situation de la femme au Maroc. Ce taux s’élevait à 30% au début des années 2000 ; il est aujourd’hui de près de 21%, dénotant de la faible valorisation du potentiel que constitue les femmes. Plus de huit femmes sur dix sont en dehors du marché du travail.
  • Les indicateurs de cet Institut publiés en 2022 révèlent que la quasi-totalité des branches économiques présente un écart salarial significatif de l’ordre de 30% en défaveur des femmes, avec un écart beaucoup plus important dans le secteur de l’industrie,
  • En 2019, toujours selon le HCP, la proportion des entreprises dirigées par des femmes a atteint 12,8% avec une proportion de femmes dirigeantes inférieure à 8 % dans les grandes entreprises !

Ces différentes observations – parcellaires il est vrai –  parlent cependant d’elles-mêmes. Elles invitent urgemment à une chose : l’action !

Mais peut-être que précédemment au fait d’imaginer quelles seraient les initiatives les plus judicieuses à conduire au niveau des entreprises, il faudrait être apprécié avec justesse ce qui devrait être précisément visé par les actions entrevues.

En paraphrasant une citation attribuée à Albert Camus et qui disait que « Mal nommer les choses, serait ajouter au malheur du monde”, nous pourrions dire que mesurer approximativement les données sur lesquelles l’on souhaiterait agir, reviendrait à privilégier l’écume des choses et non les réalités véritables qui les sous-tendent.

La Mise en place d’un index de l’égalité professionnelle

Dans cette perspective, l’une des initiatives majeures serait de mettre en place des dispositifs d’observation des inégalités hommes-femmes pérennes au sein des entreprises marocaines, tout au moins les plus grandes. Cela permettrait   d’agir de façon efficace et réfléchie aux actions à mettre en œuvre. 

Méditons sur l’exemple français. Pourquoi ? Parce que la France arrive en tête des pays les plus performants en matière d’égalité des genres dans les grandes entreprises en 2022. Elle est suivie de ce point de vue par l’Espagne et l’Italie. 

Depuis 2018, les entreprises françaises de plus de 1000 salariés ont obligation de diffuser leur index de l’égalité professionnelle. Ce seuil est désormais ramené à 50 salariés. Chaque année, avant le 1er mars, les entreprises, associations et syndicats déclarent et publient leur index de l’égalité professionnelle.  Cet index permet d’évaluer sur 100 points le niveau d’égalité entre les femmes et les hommes dans une entreprise. Lorsque la note est inférieure à 75, l’entreprise doit prendre des mesures dans les trois ans. Il est aussi proposé aux entreprises de réaliser un diagnostic d’égalité professionnelle et partant l’établissement d’un plan d’action tenant compte des résultats dudit diagnostic et la mesure des écarts. Les domaines clé d’observations permettant de définir des objectifs de progression sont l’embauche, la rémunération, la formation, la qualification, la sécurité et la santé, les conditions de travail, l’articulation vie privée et vie professionnelles, la classification et la promotion professionnelle.

Cette étape d’évaluation serait particulièrement précieuse.  L’appréciation des inégalités doit faire l’objet de démarches rigoureuses et procéder de processus d’intelligence collective engageant tous les acteurs de l’entreprise. Quelques soit les choix retenus (lutte contre les stéréotypes, critères de promotion, accès aux postes de responsabilités, conditions de travail, réduction des écarts salariaux), il faudra imaginer – pour calibrer au mieux les actions privilégiées – des appareillages d’observation performants.

Comment dès lors introduire ce genre de dispositif de mesure et de veille au sein des entreprises marocaines ?

Probablement, à travers l’élargissement des domaines d’observation imposés dans et par l’exercice du Bilan social qui relève des missions des Comités d’entreprise, en réservant cela d’abord aux Grandes Entreprises structurées de notre économie.

Une démarche progressive qui ne pourra s’inscrire que dans la durée loin de toutes dérives qu’elles soient de nature cosmétique ou démagogique. Un travail patient, de longue haleine et rigoureux.

 

Karim AMARA

Partagez l'article:

Newsletter

Inscrivez-vous pour recevoir PanoramaRH Brief, la newsletter RH qui va à l'essentiel.

Panorama RH

Panorama RH est la première plateforme RH marocaine indépendante qui propose des articles, témoignages, interviews et tribunes d'experts où sont abordés tous les aspects de la gestion des Ressources Humaines. C’est un lieu de partage ouvert et un moyen de s’informer et suivre les grands courants et tendances RH. Grâce à une équipe d’experts et une ligne éditoriale rigoureuse, vous disposerez d’une vision panoramique du monde RH. Panorama RH est aussi un support de choix pour la communication des cabinets, consultants et éditeurs de solutions RH.

Newsletter