La question du Leadership est bien au cœur du Management. Ce n’est pas l’actualité du moment qui démentirait cette assertion. Faut-il encore rappeler la foire d’empoigne qui caractérisa les échanges peu amènes des responsables casablancais après les dommages spectaculaires et souvent dramatiques occasionnés par les fortes pluies. La situation en serait presque caricaturale. Qu’avait-t-il le plus manqué ? De la communication, de la coordination ou bien de l’empathie. Peut-être, un peu de tout cela. Mais certainement aussi et surtout du Leadership.
Cet exemple est anecdotique et cependant bien banal. Il s’inscrit dans une logique singulière de déresponsabilité programmée et de déni de toute philosophie pouvant donner sens à l’action. Il faut dire que l’impact de la Covid-19 a réussi à mettre à mal, sur un plan général, les certitudes habituellement portées avec véhémence par bien des politiques, dirigeants et autres chefs d’entreprise. Arrêtons-nous pour notre part sur les « stratégies » des acteurs économiques.
Le peu de visibilité proposé en ces temps de crise conduit ainsi ces mêmes « leaders » à être ballotés au péril du double écueil de l’hésitation et de l’incertitude n’offrant alors que peu de mises en perspective sur le cours ou le parcours de leurs entreprises devenues prisonnières d’un courtermisme aveuglant. Terrible handicap qui nourrit une perte bien involontaire mais réelle de Leadership. Exit, ici encore, cette qualité supposée d’un management inspirant et prospectif. Engager l’avenir de façon déterminée et en confiance -ou tout au moins le prétendre sans nuance -ne trouve plus réellement écho à l’exception de quelques prétendants à l’exercice, bien rares aujourd’hui.
Que dire, par ailleurs, du défaut de leadership induit cette fois par une incapacité à tenir les promesses avancées. Si le monde politique peut se valoir d’une place de choix en la matière- suscitant une défiance très profonde- le monde économique n’est pas en reste. La Multinationale Intel aurait perdu son leadership mondial en matière de vente de processeurs en raison évidemment de mauvais choix stratégiques. Mais les actionnaires avaient été nourris à une promesse jamais tenue : celle d’une croissance maintenue des bénéfices alors qu’en réalité l’horizon s’assombrissait sans équivoque. Les délocalisations -relocalisations industrielles ont été également « vendus » aux pays d’accueil comme favorisant la création de bassins d’emploi durable. Mais aux premières orages, elles ont disparu ! Or, souvent, lors de crises aigües, certaines multinationales font le choix de fermer leurs sites de production au profit d’autres usines. L’annonce de la fermeture de l’usine de pneumatiques Bridgestone de Béthune en France, en septembre dernier, menaçant de licenciement 863 salariés, est un exemple phare. Il en est certainement des situations équivalentes au Maroc ! Ce qui est certain, c’est que le risque est bien présent.
Un Leadership peut être aussi en perte de vitesse pour d’autres raisons. Des entreprises sont présentement en situation contradictoire tant leurs actions ne se reflètent plus dans les valeurs qu’elles prônent. Cette impossible incarnation est la marque d’un leadership affaibli. Cela traduit un manque de cohérence entre les actes et les engagements pris par l’entreprise. En illustration de cela, une enquête produite en 2018, souligne que 79% des salariés estiment que le Management des entreprises de plus de 1000 salariés en France n’est pas aligné sur les valeurs affichées. En ce sens, « le mur des valeurs serait vide ». Il y aurait de ce point de vue beaucoup à faire. Et la Marque Employeur pourrait d’ailleurs s’imposer comme l’un des moyens d’asseoir une juste promesse. Ce qui est certain, là encore, c’est qu’une e-réputation malmenée pourrait facilement détourner les Talents de l’entreprise qui verrait alors son rayonnement s’amoindrir et partant son ambition de leadership décroitre.
Il est probablement beaucoup d’exemples venant illustrer les difficultés d’expression de la qualité de leadership.
Ce sont le plus souvent des situations de crise qui invitent à revisiter l’entendement que l’on se fait du Leadership. La crise en révèle toute la complexité sachant à la fois ses dimensions stratégiques de prises de décision et de mises en perspective à celles plus opérationnelles allant cette fois de la gestion d’équipe aux interventions RH opérées au quotidien par les Managers.
Nul doute dans ces conditions que ce sujet est appelé à nourrir bien des débats. Nous en avons qu’effleuré le contours.
Un sujet de grand intérêt forcément !